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Le petit journal
RENCONTRE - Mehdi Maiez et l'art digital
DIG-VISION, exposition à la Maison de la Tunisie à Paris de quatre artistes, trois tunisiens et un français : Mehdi Maiez, Zied Kochbati, Issam Smiri, et Timothée Mathelin réunis pour la dimension digitale de leurs oeuvres, se termine aujourd'hui. Nous avons rencontré Mehdi Maiez, passionné de DIGITAL ART PAINTING
Mehdi Maiez "Wakatanka" est un graphiste diplômé des Beaux-arts de Tunis, actuellement responsable graphique dans une agence. Passionné par l'art digital et les nouvelles technologies, il signe ici sa quatrième exposition après New York et Tunis.
Lepetitjournal.com : Quels sont vos thèmes de prédilection ?
Mehdi Maiez : Mon premier thème est le métamorphosisme : la dualité qui lie l'être humain à l'animal. Chaque être humain a un animal en lui et je voulais mettre cette idée en images.
J'ai choisi les animaux symboliques, mythiques ou mystiques comme le chat noir, l'aigle, la chouette blanche et bien sûr ceux qui sont esthétiquement compatibles avec l'humain.
Mon deuxième thème est la transposition d'oeuvres classiques.
J'ai choisi les peintures les plus reconnues pour ce travail : j'ai voulu changer la vision du public sur ces tableaux. Auparavant je travaillais sur les formes géographiques fusionnées avec l'environnement.
Comment est née cette idée ?
Je notais mes rêves, pour comprendre pourquoi ils laissent cette impression de choc au réveil. J'ai ensuite noté et analysé image par image, les couleurs, les formes, l'espace temps, la décomposition et j'ai remarqué beaucoup d'images choquantes hors sujet.
J'ai également travaillé sur des livres de géométrie poussée, pour trouver des formes parfaites pour ces créations.
Mon objectif était de cristaliser cette impression bizarre que l'on peut avoir à la sortie d'un rêve avec ces "clichés" en tête et de le reproduire grâce à ces célèbres tableaux. J'ai commencé par les formes géométriques.
Avez-vous travaillé sur l'interprétation des rêves ?
Non, ce n'était pas le but. Il s'agissait de reproduire le mécanisme du rêve et son impact visuel troublant sur le public.
Quel est votre prochain thème ?
Je continue à travailler sur mes deux premiers thèmes en parallèle, et maintenant je fais des recherches sur la combinaison sculpture et polygones pour sortir du 2D et passer 3D.
Parlez-nous de vos autres activités artistiques
Je réalise le design graphique de clips, jacquettes et logos pour les artistes, ainsi que les produits dérivés comme les T-shirts, particulièrement pour les rappeurs, réalisés en fonction du thème du clip.
Je fais également de la musique électronique ambient, j'ai participé à deux CD avec Art-Ak
Quelle est votre vision du "digital art painting" ?
Il s'agit d'améliorer et de développer la créativité et la vision, beaucoup plus importante dans cet art que la technique des logiciels graphiques, c'est à dire être créatif et technique en même temps. Photoshop est un simple outil, il ne crée rien.
Pourquoi cet art est-il encore si peu connu ?
Tout d'abord parce qu'il est galvaudé et assimilé à de simples montages, de la même façon que l'on trouve dans la peinture contemporaine des oeuvres dénués de sens créatif, au détriment des créations fortes.
J'ai proposé de donner des cours dans ce sens, aux Beaux Arts, ainsi que des cours pour la création de "user ID".
Quel est le sens du mot "créativité" pour vous ?
La créativité est la compréhension et l'appréhension des émotions, elle découle aussi du vécu.
Aux USA, on apprend désormais aux enfants à déchiffrer leurs émotions, et à chiffrer leur quotient émotionnel. C'est une évolution importante à mon sens, qui ne peut qu'être un levier pour le développement créatif.
Votre prochain projet ?
Un clip pictural co-réalisé avec un ami bruiteur. L'idée est de travailler sur des mannequins combinés avec des polygones. Il est à l'état d'embryon, nous avons un gros travail, particulièrement sur les maquettes, avant de commencer la réalisation.
Un conseil pour les jeunes artistes ?
Qu'ils se penchent sur d'autres sujets que la politique et la provocation, qui bloquent leur sens créatif.
Expositions
New York - Climate : expo sur écran géant à l'aéroport - 2009
Tunis - Galerie de la Medina - 2010
Bardo - La station - Exposition personnelle - 2011
Paris - Maison de la Tunisie - 2013
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Graphik island
#1 Pouvez-vous vous présenter?
Maiez Mehdi, de nationalité Tunisienne, diplômé de l’institut supérieur des Beaux arts de Tunis, graphiste mais aussi amateur de son et de la photographie.
#2 Comment vous vous êtes lancé dans le domaine du graphisme ?
Ça date de mon enfance, je faisais des graphismes sur mes Tee shirts de foot et je m’amusais tout le temps à colorier tous les magazines qui me tombent sous les mains. J’ai aussi essayé, dans les années 90, de refaire les logos de quelques chaines télévisées tels que « VIVA » ou « MTV »… Ensuite, j’ai commencé à dessiner pour la 1ére fois le portrait d’une fille que j’ai aimé et c’était le déclic ! Depuis, j’ai pas arrêté de dessiner jusqu’à mon entrée à l’école des beaux arts où je me suis spécialisé en design d’images et puisque je faisais du son en parallèle (amateur), je me suis retrouvé entouré de musiciens et chanteurs et ça m’a encouragé à faire leurs pochettes et visuels en parallèle avec mes études en graphisme.
#3 Qu’est ce qui vous inspire ?
ce qui m’inspire c’est la musique et ses notes, la beauté inaperçue, les petits détails du quotidien, mais surtout l’expérience humaine, le cinéma « David Lynch » par exp… J’essaye aussi de noter mes rêves car les images des rêves sont uniques et très spéciales ; elles touchent parfois à la perfection donc les noter m’aide à les illustrer à travers le dessin, collage, outils informatiques ou autres mais malheureusement, j’arrive pas à le faire quotidiennement et parfaitement car c’est très difficile, il faut beaucoup de réflexion et de technique.
#4 Comment procédez-vous dans vos créations ?
Franchement, je n’ai aucune procédure précise. J’essaye juste d’illustrer et d’analyser ce que je ressens à travers mes émotions. Les techniques ou les schématiques ça ne m’intéresse pas et ça me bloque énormément. Avoir des sentiments et une idée (thème) c’est suffisant et ça pourrait ramener d’autres idées cachées.
La plupart de mes recherches sont basées sur l’observation de ce qui m’entoure, surtout le comportement humain.
#5 Des projets à venir ?
C’est non stop le monde bouge, les créa aussi, j’essaye entre temps d’améliorer mon niveau. Actuellement, je prépare un projet de peinture. A part ça, le projet qui m’obsède le plus c’est « l’arrêt du temps » j’aimerais bien faire un projet artistique qui fait marcher le temps en arrière (abstraction). Imaginez un horloge qui marche dans le sens inverse ! (un artiste l’a déjà fait).
#6 Un dernier mot ?
Merci pour cette interview ça m’a fait vraiment plaisir. A très bientôt, l’été s’annonce chaud !!